Tetsuo - The Bullet Man
Première surprise, Tetsuo - The Bullet Man n’est pas une suite, c’est un remake ! Passé l’angoisse devant cette première constatation, on remarque que Tsukamoto soigne ici beaucoup son esthétique. Celle-ci est glacée pendant l’essentiel du film, il n’y aura que pendant les gunfight qu’on aura droit à un peu de jaune et de rouge. Mais l’ensemble de l’œuvre est cohérente à ce niveau, la teinte bleue de l’ensemble du film parvenant à planter quelque chose de net. La trame de l’histoire est maintenant classique, mais les imperfections de Tetsuo 2 sont ici corrigées. On commence une fois encore avec une famille troublée par des cauchemars, mais unie. Notons d’ailleurs que notre héros est ici un occidental, une première dans la saga. Sortant avec son gamin pour se promener, ce dernier est volontairement heurté par un pystérieux chauffard, qui le traîne sur 50 mètres. Le choc est brutal, et c’est le premier pétage de câble (graphiquement, c’est le même que l’introduction de Tetsuo I) et l’amorce de l’histoire. Le chauffard s’étant enfui, la femme de notre héros ne cesse de le harceler moralement pour qu’il venge la mort de leur gamin.
Notre homme sent ses nerfs qui se tendent un peu plus à chaque heure. Mais la transformation ne commence que lorsque sa femme le quitte. C’est alors que débarque un tueur qui abat froidement notre héros en pleine métamorphose. Son corps est récupéré alors par le chauffard qui avait écrasé l’enfant quelques jours plus tôt. Notre héros (qui en fait n’était pas mort), s’attaque à la voiture, empli d’une rage qui n’a d’égale que la puissance de la musique de la scène. Autant dire qu’il massacre littéralement la bagnole en métamorphosant son corps. Dès sa première transformation, c’est la machine à tuer. Différence notable avec Tetsuo II : une fois transformé, la métamorphose semble se maintenir. Sous cet état, notre héros devient de plus en plus instable, étant sujet à des crises de frénésie qui seront filmées avec une hargne rare. Les gunfights sont difficilement lisibles (la caméra bouge vraiment dans tous les sens), mais on sent qu’une énergie phénoménale circule dans le film, accompagnant le personnage dans sa quête de vengeance et de son passé. Concernant ce dernier, on ne sera pas vraiment surpris d’apprendre que son père était scientifique et qu’il a servi de cobaye lui aussi à des expériences d’armes humaines (le projet Tetsuo).
Toutefois, le héros bénéficie ici d’un maquillage qui évolue constamment au cours du film, finissant par ressembler à un monstre insectoïde recouvert de métal, et osant dans son dernier acte devenir une arme de destruction ultime : carrément une bombe H ! Carrément plus puissant que les autres films. Cependant, ce nouveau Tetsuo, à part soigner son esthétique, ne s’est pas lancé dans des thèmes nouveaux, et n’a pas vraiment inventé la poudre. Toutefois, il mérite vraiment qu’on s’intéresse à son cas, au moins pour un épilogue qui nous ramène au point de départ (chose complètement hors de propos pour Tetsuo 1, et qui était à peine esquissée dans Tetsuo 2). Le calme après la tempête ?
Toujours est-il que la beauté de ce nouveau chapitre mérite largement qu’on s’y égare, et que le traitement de Shinya Tsukamoto restant aussi enragé que pour ses autres œuvres, s'en priver serait un péché mortel. Démentiel !