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La Dernière Maison Sur La Gauche

Écrit par Jamesluctor le .

Encore un jalon de l’horreur posé par Wes Craven dans les années 70, le bonhomme frappant deux fois très fort avec La Colline a des Yeux (il faudra attendre Freddy et les années 80 pour le nouveau succès de Craven). Ici, nous suivons d’abord le quotidien d’une famille honnête d’américains qui n’ont rien à se reprocher. Un père qui a atteint l’âge de sagesse, une mère au foyer dévouée, une adolescente un peu rebelle qui va aller voir un spectacle trash, bref rien de très nouveau dans les années 70, même si on sait avoir affaire à un morceau de bravoure.
 
Cependant, le film peine un peu à insuffler du rythme à son histoire. Déjà parce qu’il confond scène d’exposition et scènes de dialogues insipides où nos personnages jouent en mode cliché (la récurrence implacable de la morale et de la prudence dans le discours parental) ou en mode nawak (les criminels, qui jouent assez approximativement et qui ont l’air de carrément improviser leurs dialogues sans savoir ce qu’ils doivent mettre en valeur (c’est pas en crevant le ballon d’un gosse qu’on caractérise un gars qui s’attaque aux enfants). Et je ne parle pas de la récurrence très agaçante des musiques country qui parsèment différents moments du film sans vraiment parvenir à planter une notion de décalage (c’est juste trop cliché années 70). Si au moins, le film commence à devenir un peu violent quand nos deux amies tombent aux mains des assassins que nous suivons, leur jeu un peu trop figé n’est pas particulièrement convaincant.
 
Il faut attendre la forêt pour que les choses s’accélèrent (entre temps, on nous aura présenté les deux flics qui ne servent à rien pendant tout le film, à part pour jouer la carte finale de la morale qui vient constater les dégâts). Là, on suit donc nos bourreaux qui se livrent à quelques jeux sadiques sur nos victimes avant que celles-ci ne tentent de prendre la poudre d’escampette. Les scènes, plutôt efficaces, collectionnent cependant quelques fautes de goût (les filles sont rhabillées quand elles tentent de s’enfuir, alors qu’elles étaient nues et humiliées quelques instants auparavant, le bras en plastique, certaines expressions un peu exagérées des bourreaux…). Et puis, l’arrivée de nos malfrats chez les parents arrive d’un coup, ces parents étant décidément particulièrement accueillants avec les étrangers, eux qui prodiguaient encore la veille des conseils de sécurité à leur fille. La situation s’éternise, nos méchants profitant décidément de l’hospitalité de ces hôtes, manifestement amusés par la situation (ils ont vu direct les photos de famille et rient de la coïncidence, détail intéressant mais témoignant d’un manque de prudence assez étrange de nos bandits, surtout lorsque les choses vont commencer à déraper. Il est notamment un peu étrange de les voir continuer à feindre l’innocence quand leur quatrième compère hurle à la mort ses regrets pour le viol et le meurtre des adolescentes, mais qu’ils tentent de faire passer ça pour du délire. Entre temps, on se tapera une autre scène du quotidien des inspecteurs, vraiment inutiles dans cette affaire. Puis la découverte du pot-aux roses a lieu. Avec le coup du médaillon (une bonne trouvaille) et la mère découvrant les vêtements pleins de sang dans la valise.
 
Gros soucis : la mère joue très mal, et peine continuellement à illustrer les émotions qu’on attendait en pareille moment. Elle semble pour ainsi dire à peine ébranlée par sa découverte, et pendant la scène où l’un des malfrats la drague, elle semble carrément détachée des évènements, disant des trucs sans y croire une seconde, pendant que le père tente de trouver des armes à la cave. La mère doit être le personnage le plus raté du film. Pendant ce temps, le père tente le coup des pièges domestiques (Nightmare on Elm Street y reviendra), puis il commence à prendre un cours de bagarre dans le salon avec le grand méchant du film : Krug. Scène de confrontation du film, qui prend hélas une tournure comique quand on voit les efforts pathétiques du père pour donner des coups à Krug qui semble les encaisser sans le moindre problème. Sans compter la scène ridicule du « péter la cervelle ! » qui vise à illustrer l’influence morale du chef de bande sur le plus faible des méchants, mais qui se trouve gérée si maladroitement qu’il est dure de ne pas esquisser un sourire devant la conclusion de la scène. Enfin, le dénouement du film, pensé pour être politiquement incorrect et sulfureux, a particulièrement mal vieilli. Si le combat entre femme est le seul qui tente de rester sobre, la confrontation des hommes tourne carrément au ridicule, le père poursuivant pendant 10 minutes dans la même pièce le personnage avec une tronçonneuse, et découpant pratiquement tous les meubles de la pièce avant de parvenir à le coincer.
 
Et là, la Police débarque pour faire la morale, morale qui ne sera finalement pas vraiment respectée, les parents accomplissant leur vengeance. Au final, si les thématiques du film étaient assurément rentre dedans pour l’époque, l’amateurisme de certains acteurs et quelques incohérences du script entament l’aura sulfureuse du projet, et maintenant que son remake a prouvé lui aussi sa valeur, ce film peine finalement à se hisser dans les classiques du réalisateur (les Scream et A Nightmare on Elm Street). Certes, une date dans les années 70 et une étape fortement recommandée pour les amateurs du genre, mais encore un peu trop imparfait pour que j’y vois un film culte. 
 
 
note3.5

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