[INTERVIEW] Titouan de Bare Teeth pour la sortie de "First The Town, Then The World"
Après une première démo très orientée punk rock en 2015, les Lillois de Bare Teeth sont revenus en 2017 avec premier EP, "First The Town, Then The World", ou le groupe a quelque peu durci le ton en incorporant des riffs plus lourds et sous influences hardcore. Nous avons voulu en savoir plus sur ce nouveau visage du groupe avec une interview du guitariste/chanteur Titouan.
Présente-nous le groupe et son parcours jusqu’à maintenant.
On s’appelle Bare Teeth et on est de la région lilloise. J’ai rejoint le groupe il y a trois ans, après avoir lu une annonce de Greg, le chanteur et guitariste de Bare Teeth. Il souhaitait fonder un nouveau groupe après la fin soudaine de sa précédente formation. Il avait encore des compos à exploiter. Je l’ai rejoint. Il était accompagné du bassiste d’alors. On testait les batteurs. Je me suis entraîné sur les chansons envoyées par Greg. On les a un peu arrangées, en accord avec la direction artistique de l’époque. On a connu plusieurs changements de line-up : on a eu deux bassistes et plusieurs batteurs. On est stable depuis un an, maintenant. On a trouvé Jérôme à la batterie et Tom à la basse. Ça fait donc un an qu’on joue avec le même line-up et qu’on a de plus en plus de compos. Voilà l’histoire.
Ça nous amène à ce 1er EP, "First The Town, Then The World". Y a-t-il eu une évolution, de la démo jusqu’à maintenant ? Est-ce que le style du groupe est resté le même ?
Il a peut-être un peu évolué sur le plan technique, car toutes les compos proposées étaient en accordage standard. Maintenant, on les joue toutes un ton plus bas. Ça apporte peut-être un côté plus « heavy ».
C’est ce qu’on ressent. Il y a un côté plus agressif, sur cet EP.
Je suis en drop D et Greg est en standard ré. C’est un peu plus grave.
Quelles différences trouve-t-on entre la démo et ce 1er EP ?
Musicalement, le son est un peu plus brut et les guitares plus « rentre dedans ». Un son plus brut, on va dire. C’est ce que j’ai ressenti à l’écoute de l’album. C’est peut-être moins poli que la démo. On se détache un peu de l’idée « skate punk » de départ. On amène des riffs parfois un peu plus vénères, ce qui dénote avec l’aspect punk mélodique.
Justement, sur cet EP, le gros point fort, c’est que les riffs sont tour à tour punk et hardcore, mais les transitions se font avec une facilité assez déconcertante. On dirait que ça coule de source. Était-ce voulu ou est-ce quelque chose qui s’est imposé, entre ton jeu et celui de Greg ?
Sans le rechercher, nous nous rejoignons un peu, à ce niveau-là. Ça vient assez naturellement dans notre manière de composer. J’ai des riffs où tu peux foutre des refrains super chantés, énergiques et, à côté de ça, enchaîner sur une transition complètement metal ou hardcore, avec de gros breaks. Ça donne une dynamique différente au morceau, qui change de tous les riffs qui s’enchaînent habituellement dans le punk. Greg a pas mal de riffs comme ça, lui aussi. Comme on a un jeu assez différent, lui en standard et moi en drop, ça permet d’être assez complémentaires. On se complète assez bien. On n’a pas vraiment de place sur le plan rythmique ou lead. On alterne les 2. Du coup, ça crée peut-être une diversité au niveau de l’accroche des riffs.
C’est ce qui fait le gros point fort de cet EP. Quelles sont les influences du groupe permettant de faire ces combinaisons ?
C’est une question vaste et intéressante ! On a une base commune constituée de groupes tels que NOFX, Bad Religion ou Blink 182, pour citer les plus classiques. C’est ce qu’on écoutait quand on était ados. Après, on injecte nos influences respectives. Moi, j’aime beaucoup le thrash. Puisque j’adore les riffs de Pantera, pourquoi ne pas tenter un truc un peu groove qui dénote avec l’aspect initial de la chanson ? On peut tenter une rythmique déstructurée, façon Every time I die. Nos influences sont diverses. Greg est très fan de A Wilhelm Scream ou Propagandhi. Ce sont des groupes de punk, mais forts d’une certaine virtuosité à la guitare. Ils proposent des riffs de metal, des passages complètement fous qui ne sont pas propres au pop punk ou au skate punk, initialement.
A la fin de l’EP, vous proposez la version acoustique de "Behind The Wall". Est-ce pour montrer un autre visage du groupe ?
Oui. Il y a un peu de ça. Au départ, c’était une idée de Greg. Il avait enregistré des versions acoustiques de plusieurs chansons, dont "Behind The wall", parce qu’il avait envie d’un truc un peu différent, posé, tranquille. Il y a quelque temps, on a signé avec Diviser, un fabricant japonais de guitares qui s’occupe de plusieurs marques, notamment Bacchus et STR. Au départ, on a pensé réaliser pour ce sponsor une vidéo où on nous voit jouer avec les instruments en question. On nous avait fourni une basse, une gratte acoustique et une gratte électrique. On s’est dit : « Pourquoi ne pas enregistrer une version acoustique avec le groupe au complet ? ». On a ajouté des voix, des grattes complémentaires, et c’est ainsi qu’est née la version acoustique de "Behind The Wall". On l’a ensuite ajoutée en bonus, pour que cet EP s’achève sur une petite note de douceur, après un titre assez « rentre dedans ».
Ce qui est cool, c’est que le titre ne dénote pas. Il s’insère bien. Les bonus tracks peuvent parfois bloquer les gens, dénoter avec le reste d’un EP. Là, pas du tout. Cela fait une bonne continuité avec le reste de l’album.
Ça fait plaisir ! J’espère que ton avis sera partagé par tout le monde.
Allez-vous incorporer des arrangements plus acoustiques dans vos prochaines compos ou était-ce quelque chose d’un peu à part ?
C’est venu un peu sur le coup, au feeling, mais qui sait ? Peut-être qu’on sera amenés à faire d’autres trucs en acoustique. Je n’en sais vraiment rien. Pour l’instant, on se focalise sur une formation « amplifiée », mais on fera peut-être des interludes acoustiques.
Que peux-tu dire aux metalleux pour les inviter à découvrir Bare Teeth ? Le 1er single, "Parted Ways", est un peu plus punk...
Tout à fait. Il ne donne pas vraiment aux metalleux la direction de l’EP.
Qu’est-ce qu’on pourrait leur dire ? « Salut », pour commencer ! Il est clair que "Parted Ways" et son clip, c’est le titre qui représente le plus notre orientation punk et skate punk. Après, s’ils ont le courage d’aller plus loin, ils découvriront avec des titres comme "These Town Need Guns", non pas qu’on a décidé de faire autre chose, mais qu’on a eu envie de foutre des gros passages avec des riffs qui font mal. Un webzine écrit qu’on fait du thrash-pop et pas autre chose. Ca pourra les pousser à nous écouter. Après, il faut plonger la tête la première. Lire que notre musique a des éléments pop ou punk ne doit pas rebuter.
De toute façon, la chronique les incitera à aller vous découvrir ! Pensez-vous à un 1er véritable album ou êtes-vous concentrés sur cet EP ?
Cet EP, c’était un moyen de « passer à autre chose » parce que ça faisait un moment qu’on travaillait sur ces chansons. Maintenant qu’elles sont terminées, on peut vraiment se concentrer sur de nouvelles compos. On va partir en tournée, jouer les titres de l’EP, promouvoir cet opus, bien sûr, et notamment au Royaume-Uni, mais on est déjà entrés dans une phase de composition. On a 6 morceaux en route. Il va falloir mettre les bouchées doubles. L’idée, c’est d’apporter du nouveau aussi vite que possible, dans une démarche collective. Les morceaux de l’EP ont été amenés par Greg. Toutes les nouvelles compos ont été créées par Tom, moi ou nous tous lors de répétitions. L’entité de groupe sera sans doute plus présente, à l’avenir.
Le vrai visage de Bare Teeth est donc encore à découvrir !
Oui, le reste !
Quand pourra-t-on vous voir en tournée, vous découvrir sur scène ?
On a pas mal tourné. Le 12 mai, on sort notre album en avant-première. On fait une petite date à Lille dans un bar. Le 17 juin, on joue à Berck, sur la plage. On aura peut-être d’autres shows organisés d’ici là. Sinon, une jolie petite tournée se profile. Ce sera pour la première semaine de juillet, mais pour les Anglais ! Normalement, on commence dans le sud de l’Angleterre, on va jusqu’à Liverpool, on fait un peu le tour et on redescend. Ça, c’est pour la 1re petite tournée. On en prévoit une autre pour novembre. Des dates sont prévues en Belgique et dans la région Nord en septembre et octobre. Toutes les dates seront affichées sur notre page Facebook.
Notre tradition, pour terminer, c’est d’adresser un petit mot, non plus aux metalleux, puisque c’est fait, mais aux lecteurs, au sens large.
De but en blanc, je dirais que la prochaine fois qu’on se verra, ce sera à un concert. On boira une bière ensemble, avec plaisir !