Le groupe des médecins fous furieux de Bad Tripes perpétue ses méfaits médico-musicaux à Marseille depuis 2007. La bande de jobastres locaux (oui oui, ce mot existe dans la langue marseillaise) nous prodigue un Metal aux influences largement Indus (Nine Inch Nails, Ministry etc.) On notera tout de même leurs autres influences (Les Tetines Noires, la littérature trash, les films d'horreur et le porno). On pourra tout de même retrouver des touches de Doom (dans "X-Mas Murderer") de Punk (dans "Punk Uniform") de Pop-Rock ("Glamoureuses") ou bien encore de musiques traditionnelles françaises, russes et de touches de Polka.

Les riffs de la guitare sont lourds et très rythmique, le clavier ou l'accordéon se réservant la plupart du temps le monopole de la mélodie. Ce dernier est souvent délicieusement Kitsch et franchouillard (sur "Phase Terminale" par exemple). Le clavier quant à lui change régulièrement de tonalités (de l'orgue classique au synthé touché d'Electro). 

Mais ce qui fait la furieuse force de Bad Tripes c'est le chant. La Prose d'une Princesse torturée, une allocution démoniaquement française mais tellement brillante. En effet, la frêle demoiselle nous délivre un chant puissant, ambré de cris autant que de sanglots.

Les textes sont génialement inspirés et s'imbriquent merveilleusement à la mélodie, nous prouvant que chanter en français peut de temps en temps être une grande force. Le vocabulaire utilisé et riche et les changements de registres se coordonnent bien pour donner un impact supplémentaire au chant. Gore, porno, insultes, politesses et provocations s'enchaînent joyeusement dans une humeur malsaine. 

Malheureusement, le coté mélodique tombe quelques fois à plat où les riffs répétitifs n'instaurent pas plus de puissance aux morceaux. Les solos de guitare peu présents n'apportent qu'une petite touche de fraicheur dans le sens où trop courts, ils n'ont pas le niveau pour être réellement entrainant. Les morceaux traînent parfois un petit peu en longueur et il arrive que le chant soit trop décalé par rapport au reste de la mélodique.  

"Phase Terminale" reste néanmoins complet. Les 50 minutes qui le composent s'enchaînent très bien, portées par une puissance vocale et une prose d'outre-tombe. Les registres utilisés autant par la chanteuse que par les autres musiciens sont variés et présentent un style évolutif et pas statique. On soulignera particulièrement les morceaux "Wish" et "Alice Über Alles" qui sont à mon sens les deux meilleurs morceaux de l'album en termes de mélodies et de textes.