Paradise Lost - Medusa
Le temps où Paradise Lost sussurait des mots doux aux oreilles des gothiques en fleurs semble plus que jamais loin, les Anglais d'Halifax ayant décidés de creuser de plus en plus profond dans le terreau putride de leurs influences les plus sombres et juvéniles. Cette mue amorcée depuis "In Requiem" en 2007 trouve 10 années plus tard avec ce "Medusa" son apogée la tête dans le caveau.
Là où avec "Faith Divide Us Death Unite Us", "Tragic Idol" et "The Plague Within" les joyeux drilles continuaient malgré tout à proposer des titres accrocheurs aux riffs doom pour headbanguer en slow motion, "Medusa" enfonce le clou dans le cerceuil mis en place depuis la mise au placard des influences electro et purement gothiques en misant sur un opus qui embrasse sans vergogne le doom funeral avec des compositions à la structure étirée mais simplifiée, faisant place à de nouvelles complaintes plus accées sur les instruments, le chant de Nick Holmes se faisant bien moins présent avec un chant apre et rappeux, moins puissant qu'à l'accoutumé et plus proche de l'adolescent boutonneux des premières démos du groupe.
Dès l'ouverture avec un funéraire "Fearless Sky", le ton de "Medusa" est donné, Paradise Lost se frotte ici plus a Shape Of Despair qu'à Celtic Frost ou Sisters Of Mercy, et comme décrit en préambule, Nick Holmes se met en retait par rapport a ses comparses et se contente d'une once de chant clair plaintif pour se raccrocher aux heures les plus mainstream du groupe. S'ensuit un "Gods Of Ancient" reflétant lui aussi parfaitement cette orientation mortuaire, mis en place sur le même schéma que "Fearless Sky" aux deux premiers tiers lancinants avant de s'emporter sur une envolée vocale plaintive. De ces compos sculptées sur le granite d'une pierre tombale on retiendra "The Longest Winter" à l'ambiance seventies par les parties de claviers Hammonesque et ses guitares magnifiquement tristes couplées au chant complaignant de sieur Holmes, "Blood And Chaos" titre le plus rythmé de tous rappelant le Paradise Lost de "Draconian Times" avec son refrain typique mais le tout formaté aux riffs bien plus lourds et un "Until The Grave" putréfié a souhait. Le reste des (seulement) 8 titres de "Medusa" ne laissant pas une marque indélébile chez le fan.
Avec "Medusa" Paradise Lost a donc décidé de se plonger plus que jamais dans ses premiers amours que son Autopsy, Candlemass, Black Sabbath et la première vague de death suédois des années 90, mais cela ne s'est pas fait sans heurt, les musiciens peuvent même parfois donner l'impression d'en avoir profité pour travailler juste ce qu'il faut leurs compos sans avoir eu envie d'en proposer plus. En ressort donc ce "Medusa" un nombre de riffs assez limité, un Nick Holmes bien en deça de ses talents vocaux habituels. Malgrés tout ce 15eme album du groupe demeure un bon cru, l'adn originel Paradist Lost se voit même plus imprégné que jamais, mais au détriment d'une offrande moins travaillée et manquant malgré tout d'étincelle. Paradise Lost continuera t'il de sceller son cercueil de la même manière pour la suite de la discographie, ou un retour à une once d'électronique et d'up tempo ferait-il grand bien à ses musiciens et à ses fans qui pourraient ne pas suivre une telle descente dans les entrailles du doom funéraire ?