Batman - The Killing Joke

Écrit par Monsieur Popcorn le 19 août 2016.

The Killing Joke. Voici un titre qu’il suffit de prononcer pour exciter n’importe quel fan de comics DC. Œuvre culte d’Alan Moore (déjà derrière Watchmen) qui oppose une nouvelle fois l’homme chauve souris à son némésis hilare de toujours, cette bande dessinée est réputée pour son ambiance extrêmement sombre (qui a inspiré Tim Burton pour ses films qui devaient d’abord avoir le même ton que la série des années 60) et pour raconter une origine pessimiste et dramatique au Joker. Alors l’annonce d’une adaptation animée a bien évidemment suscité une énorme excitation. Si l’on rajoute à cela la présence de Mark Hamill (Star Wars) dans sa prestation vocale la plus marquante et une classification R aux Etats-Unis, il semblait impossible que le film soit raté. C’est donc une douche froide en sortant du visionnage de ce film d’animation.

Principal reproche envers cette adaptation et pas des moindres : une première partie de 30 minutes incohérente et hors sujet suivant Batgirl dans une enquête. Nous cueillant avec une voix off nous balançant : « ce n’est sans doute pas comme ça que vous imaginiez le début de l’histoire », cette introduction n’a d’autre but que de susciter de l’empathie envers Barbara Gordon au vu de ce qui lui arrivera plus tard. Malheureusement, c’est inintéressant au possible, le personnage est très peu mis en valeur (on parle déjà beaucoup de cette scène de sexe arrivant de nulle part et gratuite), Batman est totalement mis de côté et l’antagoniste (qui n’est pas le joker, rage) souffre d’un manque de charisme encore plus visible alors qu’on cherche à induire une relation amour haine avec Batgirl. Le pire est sans doute atteint quand un personnage lance un « Non mais allo quoi » qui donne des envies de serrage de mains empoisonnés et de tortures psychologiques digne du clown diabolique. Voilà donc un ajout absolument hétérogène qui provoquera au mieux un ennui certains de la part des non initiés et au pire une rage folle de la part des connaisseurs.

C’est à ce moment là que le véritable récit se met en place. Et si l’on peut parler quasiment de copier coller (certains dialogues et certaines images sont repris avec perfection), le tout souffre d’une animation correcte pour un direct to video mais sans plus et d’une instabilité à savoir quel public toucher avec ce film. En effet, s’ il a bien une classification déconseillé aux moins de 17 ans aux Etats-Unis alors qu’ici, on a droit à un simple avertissement pour les parents , aucun des deux publics visés ne peut se sentir concerné par un récit trop sombre pour des enfants et en même temps limité dans sa noirceur par son animation et une VF prompte à faire saigner des oreilles (en même temps, il y a Mark Hamill en Joker en VO!).

Bref, l’effort d’adapter cette œuvre du comic book est louable mais au vu du résultat final, il aurait mieux valu laisser les gens découvrir la bande dessinée d’origine car les rares points positifs (excepté donc l’interprétation vocale originale) viennent de là. Cela aurait été mieux que de se farcir une introduction parfaitement ratée accroché de manière évidente et peu subtil à la trame originale ainsi qu’un film d’animation au final assez banal.