Get Out

De tout temps, les œuvres d’art ont été des reflets de l’époque ainsi que du lieu où elles ont été conçues. C’est un facteur indissociable de la création et ces données servent souvent à voir une autre lecture derrière la première analyse que l’on se fait de tout travail artistique. C’est donc par l’ambiance politique en fond de Get Out que nous allons commencer son analyse.

Chris vit heureux en couple avec Rose depuis quatre mois. Elle décide donc de lui faire rencontrer ses parents. Cela trouble Chris, qui craint la réaction de ceux-ci en voyant que l'homme qu'elle fréquente est de couleur...

Le film a créé l’événement aux États-Unis et il est facile de comprendre pourquoi. En effet, les tensions entre noirs et blancs ont toujours été vives (le nombre de meurtres raciaux commis reste élevé) et cela ne s'est pas arrangé avec l'élection de Donald Trump. Get Out aborde sans sourciller ces problèmes trop ancrés dans notre société d'une manière subtile. En effet, on ne fait pas face à des scènes à jump scare mais à des remarques mettant mal à l'aise. C'est le malaise qui nous touche en effet en premier dans le récit et nous oblige à faire face aux préjugés derrière certaines remarques devenues presque quotidiennes (cf la fête où chaque invité se voit faire une remarque qu'il imagine positive sur Chris et le fait qu'il soit de couleur). Petit à petit, on plonge de plus en plus dans ce malaise jusqu'à la révélation derrière cette communauté (que nous ne dévoilerons bien évidemment pas) mais fonctionnant grâce à la réflexion qu'elle engendre. Il faut ajouter à cela des scènes d'angoisse réussies ainsi que des interprétations de qualité (au point que même le « sidekick  rigolo » fonctionne, tout en faisant retomber efficacement la tension pour que celle-ci nous reprenne mieux). Get Out serait parfait s'il ne tombait pas facilement dans l'exposition (notamment dans la scène d'ouverture, où le fait que le personnage parle trop diminue l'efficacité d'une séquence pourtant réussie techniquement).

Get Out est donc un film à la tension et au malaise constant qui devrait vous tenir accroché dans votre siège pendant plus d'une heure quarante, tout en incitant à la réflexion. En effet, en ces temps où les mésententes politiques se font de plus en plus acerbes (un tour sur les réseaux sociaux suffit à le confirmer) et où les films se font de plus en plus propres et creux, un brûlot politique aussi fort est un bien fou pour le cinéma actuel.