Aucun Homme Ni Dieu
Auréolé de son succès avec le drame violent Blue Ruin puis du tout aussi brutal Green Room, le réalisateur Jeremy Saulnier s’est vu offrir le concours de Netflix pour la réalisation de son troisième métrage et donc disponible dés a présent sur la plateforme. Si les deux premières réalisations de Saulnier se faisaient assez frontales, Aucun Homme Ni Dieu adapté du roman Hold The Dark de William Giraldi se veut beaucoup plus ambiancé, les caméras du réalisateur prenant bien plus le temps de contempler ses personnages et les magnifiques décors de l’Alaska. Ce parti pris sied parfaitement a un récit qui prendra une voie mystique alors que tout tendait a nous pondre un thriller assez basique ou de redite du Territoire Des Loups jusqu'à ce que le récit bifurque sur le film de vengeance métaphysique.
La vengeance était déjà l’élément maitre de Blue Ruin et Green Room et celle-ci prendra une dimension presque Lycienne dans son approche, dés les premières minutes l’étrange commencera à s’installer et le conte macabre se parera d’éléments inattendues pour qui n’aura pas déjà feuilleté le roman d’origine. Et c’est bien ce qui vaut a Aucun Homme Ni Dieu de figurer sur Anteverse par son ambiance aussi froide et crépusculaire que les premiers albums de Satyricon (le black metal est d’ailleurs présent au cours d’une scéne) et de sa violence très graphique (qui ne laissera pas indemne lors d’une scène brutal a l’arme lourde). La réalisation toujours aussi caractéristiques et qui n’aura jamais été aussi nihiliste de Jeremy Saulnier traine son casting (dont Alexander Skarsgard, frère de Bill Skarsgard de Ca) comme des figures fantomatiques bien plus victimes des événements que purement participatives, perdues dans la nature froide et hostile de l’Alaska et de l’indicible.
Certes la narration se veut par moment un peu trop contemplative et un scénario qui ne va pas jusqu’au bout de son idée, Aucun Homme Ni Dieu confirme une nouvelle fois que Jeremy Saulnier est une réalisateur à suivre de près et on espère maintenant que ce dernier s’affranchira de son thème récurant pour nous offrir un prochain métrage qui clôturera sa trilogie de la vengeance et on regrettera d'autant plus la diffusion exclusive de Aucun Homme Ni Dieu sur Netflix tant le réalisateur Américain mérite de toucher un plus large public.