Frankenstein
Lorsque l’on adapte sur grand écran une histoire maintes fois racontée, il est difficile de se renouveler, surtout quand un autre film utilise le même matériel de base et ce même si le budget est différent. Alors, comment (Push) et Bernard Rose (Candyman) ont réussi à se démarquer l’un de l’autre avec leurs versions du célèbre roman de Mary Shelley, Frankenstein ?
Après avoir abordé Docteur Frankenstein dans nos colonnes, voici l’heure de parler de Frankenstein, réalisé par Bernard Rose. Alors que ses créateurs (Danny - 30 Jours de Nuit - Huston et Carie-Anne - Matrix - Moss) tentent de l’euthanasier, la créature de Frankenstein (Xavier Samuel, The Loved Ones) s’échappe et découvre le monde extérieur au laboratoire où il fut conçu. Il y apprendra de manière sèche et dure la vie au milieu des hommes plus « civilisés »…
Contrairement au film de Paul McGuigan, Bernard Rose s’intéresse uniquement à la créature de Frankenstein et transpose le mythe dans notre époque contemporaine en mélangeant un aspect plus « romantique » (la créature s’exprime en voix-off d’une manière plus contrôlée et civilisée que ce qu’il laisse apparaitre extérieurement) et du réalisme, passant par le comportement des personnages ou une violence plus biologique et organique (voir les différents aspects corporels que prendra la créature, ce qui permet aussi de souligner la qualité des effets visuels).
Si l’on sent un budget étriqué (lors de la scène de représailles notamment), cela n’empêche pas Bernard Rose de faire preuve d’une maitrise totale de son sujet. Les premières séquences dans le laboratoire nous permettent de nous rapprocher de la créature et de vivre son histoire entièrement par son biais. Les épreuves qu’il subira en seront donc plus touchantes et marquantes. Il faut souligner aussi l’interprétation de Xavier Samuel, éblouissant dans le rôle de la création d’un Frankenstein cherchant à créer la vie par pure volonté scientifique. L’amour maternel est aussi présent et touche au complexe d’Œdipe avec cette volonté qu’a la créature de retrouver sa mère pour lequel l’amour est palpable et qui conduira à une scène finale à l’imagerie purement romantique.
Belle réussite donc, tantôt poétique dans certains dialogues (la rencontre avec l’aveugle Eddie, joué par Tony - Candyman - Todd) ou son imagerie (la scène finale, à nouveau), tantôt plus réaliste (notamment lors des confrontations avec des policiers vite remontés ou dans la « technique » de Victor Frankenstein pour élaborer sa créature), pour ce Frankenstein qui n’eut pas, au contraire de Docteur Frankenstein, droit à une sortie salle dans nos contrées. Cela est évidemment une forte déception quand un film ayant tant de qualités n’arrive pas à trouver son chemin sur grand écran autrement que par divers festivals (dont le BIFFF, où il fut récompensé du Corbeau d’or et où votre serviteur se rendra exclusivement pour votre site préféré). Serait-il temps de remettre en question la manière dont les films sont distribués dans nos contrées ? Au vu de l’absence de ce Frankenstein dans nos salles obscures, cette question semble à méditer…


