Mayhem - Legitime Vengeance
Sortant en vidéo à peu près en même temps que The Belko Experiment qui parle d'un sujet relativement proche et avec qui il partage un membre de son casting, ce Mayhem (qui n'a rien à voir avec le groupe de Black Metal Norvégien meme si le métrage cite des groupes metal ici et la) est un chouette film d'horreur bien fendart et même un poil plus profond que ce qu'on imagine au premier abord. Sous ces airs d'énième film d'infectés, effet renforcé par la présence de Steven Yeun dans le rôle titre (Glenn dans The Walking Dead), Mayhem parle en fait de totalement autre chose.
Donc déjà, ce n'est PAS un film de zombies, les infectés ici présents étant toujours en vie, avec toutes leurs facultés mentales. Le virus va en fait bien plus loin qu'en les transformant en monstres assoiffés de sang, puisqu'il se contente de lever toutes les barrières inhibitrices de l'être humain. Les conventions sociales se retrouvant facultatives, l'Homme retrouve donc ainsi ses instincts primaires. Le film de Joe Lynch (Wrong Turn 2, Knights of Badassdom) révèle ainsi, comme dans bons nombres de classiques de l'épouvante, les travers de la société, derrière le prisme de la farce gore.
Comme Georges Romero avant lui (avec moins de talent quand même, n'exagérons rien), Lynch dévoile ainsi une fable sur les limites étriquées que l'on s'impose en société, que se passerait-il si ce verrou mental sautait ? Il pose des questions atèlant notamment au juridique, relativement pertinente. Si un homme est acquitté d'un meurtre à cause du virus, alors il devient une juris-prudence et d'autres peuvent tuer en toute légitimité qui ils veulent, arguant de leur infection. Quand bien même ils auraient encore toute leur légitimité.
Derrière ce jeu de massacre jouissif, Lynch (aucun rapport avec David) se permet donc d'égratigner la société toute entière. Son film, relativement immature, choisi néanmoins l'option fun plutôt que donneuse de leçon et laisse chacun tirer les conclusions qu'il veut du film. On peut tout à fait n'y voir qu'un film bien bourrin et drôle, sans prise de tête. Les acteurs se lâchent totalement dans leur rôles, avec un léger surjeu se prêtant bien au côté cartoonesque du gore. On notera la performance de la magnifique Samara Weaving (la nièce de Hugo "Agent Smith" Weaving), qui commence à se faire une belle réputation dans le genre horrifique, après le délirant The Babysitter de McG. La mise en scène assez fonctionnelle relève néanmoins de pointes de virtuosité lors de certains plans. Joe Lynch étant visiblement plus à l'aise pour filmer les scènes gores que les dialogues, qui sonnent un peu plus plat. L'humour fonctionne également parfaitement, et pas que dans le gore potache, mais notamment dans ses dialogues absurdes, ses références à la pop culture. Le scénariste Matias Caruso, dont c'est l'unique long métrage à ce jour maîtrise parfaitement son sujet.
Un petit film assez fun, délirant, bien gore et qui égratigne gentiment la société. Ca ne révolutionnera en rien le genre, car tout cela a déjà été fait en mieux plus d'une fois. Mais ça fait du bien de temps à autre. Un petit film chaudement recommandable.