
My Name Is Bruce
Bruce Campbell est un acteur limite maudit… Après avoir côtoyé un grand réalisateur sur 3 films (les Evil Dead de Sam Raimi), sa carrière ne décollera jamais vraiment, tant et si bien qu’il en est vite réduit à jouer dans des films mineurs (au demeurant sympathique, comme Maniac Cop ou Bubba Ho Tep) et dans un grand nombre de films bis fauchés (Moon Trap, Alien Apocalypse, Terminal invasion…). Une carrière très hétérogène, pour un acteur talentueux qui n’a cependant jamais retrouvé son public (les rares nouvelles qu’on a de lui sont de courtes apparitions dans les Spiderman). Ce qu’il lui fallait, c’est un petit film sympathique pour se remettre en selle. Avec My Name is Bruce, l’acteur (et le réalisateur, qui sont la même personne) nous envoie dans un délire Z jubilatoire, utilisant avec succès les codes du Z pour revenir un peu sur sa vie contrastée. Qui a dit Culte ?
L’histoire : Le village de Goldlick est victime des assauts d’un antique monstre chinois de carnaval. Les villageois kidnappent l’acteur Bruce Campbell, le prenant vraiment pour Ashley, qui doit dès lors faire face à une authentique créature fantastique.
Comment ça, ce pitch est Z ? Mais totalement ! C’est là tout le génie de la chose ! On fait un film qui correspond exactement au format dans lequel Bruce Campbell joue d’habitude. Un cadre nanardeux, des acteurs médiocres (le jeune gothique fan de Bruce que nous suivons fait bien rire dans l’introduction), de l’humour nanar (où un crétin faisant une blague à sa femme finit décapité)… Un vrai festival d’effets nanars, avec un Bruce Campbell en roue libre qui cabotine comme un bourrin, vu que c’est lui qui tourne son propre film. L’acteur y aborde donc sa vie. Il tourne une énième suite de la saga Cave Alien (cherchez pas, moi j’ai cherché, et cette saga n’existe pas), et méprise ouvertement ses collègues de travail. Un vrai enfoiré, alcoolique et divorcé, qui appelle son ex à deux heures du matin pour se moquer d’elle, alors qu’elle couche avec… son agent artistique. Ringard dans son humour, se rendant méprisable par à peu près n’importe qui, Bruce ne fait pas dans la dentelle et nous gâtera d’un humour gentillet jusqu’au final, en alternant un humour bien gras (« Retraiiiite ! ») et quelques gags référentiels qui raviront les fans (« Tu connais pas l’horreur… T’as jamais bossé avec Sam Raimi ! »).
Un film très sympathique, mais qui ne retrouvera jamais la pêche d’un Evil Dead, ni même la qualité de ses effets spéciaux. Car le budget étant faible, le film regorge d’effets clippesque et de trucages numériques peu aptes à nous satisfaire (l’approche Z est due aussi en grande partie à ça…). Le film se dirige, on le sens vers une morale gentillette où notre Bruce retrouve son entrain et sa joie de vivre. Avec un épilogue en post production marrant car tentant de faire basculer le Z en mode navet (avec une fin guimauve au possible), My Name is Bruce peut se taxer d’avoir une aura de film Z culte, qui donne une image pervertie mais touchante de Bruce (cet acteur est une vraie crème en dehors des plateaux de tournages) dans des aventures complètement débiles. Mention spéciale à la saga Cave Alien qui fait vraiment rire, et où ils remplacent Bruce par un mannequin quand ils constatent sa disparition.
Drôle (mais pas tout le temps, car le Z ne veut pas tout le temps faire rire), référentiel, naveuteux, le film a de solides arguments pour convaincre les fans de Bruce Campbell et les amateurs de raretés rigolotes et volontaires. Même si je le préfère dans des rôles sérieux, ce DVD est à côté des Evil Dead dans ma collec…
