Crawl
Après un Horns mystique et élégant mais un désastreuyx La 9eme Vie de Louis Drax, Alexandre Aja revient à l'angoisse pure avec ce nouveau film rappelant à la fois le Tobe Hooper d'Eaten Alive et son propre Piranhas 3D, en plus sérieux.
Produit par Sam Raimi (Evil Dead), réputé pour être un producteur super cool laissant quasi carte blanche à ses réals, cette nouvelle production aquatique pouvait faire peur. Les films de grosses bébêtes étant dans la majorité du temps des nanars. Son Piranhas 3D avait un passe droit, car assumant totalement son aspect série B, avec du gore gratuit et des nichons tous les 3 plans. Rien de tel ici, c'est un film sérieux, un authentique thriller. Le risque d'échec était donc grand, tout le monde ne réalise pas un nouveau Jaws.
Avec un casting très réduit, concentré à 80% sur la jolie Kaya Scodelario (la trilogie Labyrinthe, Pirates des Caraïbes 5) et Barry Pepper (Il Faut Sauver Le soldat Ryan, La Ligne Verte, Labyrinthe) dans le rôle de son père, le film en quasi huis clos se veut donc directement dans la lignée de l'excellent The Shallows avec Blake Lively, Open Water ou encore Bait... Mais avec des alligators, plutôt que des requins. Lesquels ont été moins présent sur le grand écran, à quelques exceptions comme le premier Lake Placid ou le Eaten Alive d'Hooper donc. D'avantage centré sur l'émotion, le film se centre sur sa belle héroïne avec pas mal d'utilisations des gros plans et de flashbacks, pour susciter de l'empathie. Le personnage du père n'existant lui que via le biais de sa fille. Les autres personnages eux n'étant là que brièvement, histoire qu'il y ait quand même quelques membres qui charclent.
La mise en scène d'Aja est tout aussi élégante que dans ses films "classes" comme Horns et Mirrors et plus en retenue, moins dérangeante que dans La Colline a des Yeux. Filmé comme un thriller aquatique, plus que comme un film horrifique, le film ne laisse donc que peu de répit au spectateur. Les passages de violences n'étant entrecoupés que par des passages à suspens, distillant une tension permanente. Les jump scare se font assez rares, on n'est pas dans un Conjuring, mais existent néanmoins à quelques reprises. Les CGI sont de fort bonne facture, on est très loin des navets produits par Asylum.
Comme dans beaucoup de films de genre dit "sérieux", l'horreur est ici une allégorie de thèmes dramatiques plus profonds. Le drame avec les alligators est mis en parallèle avec la carrière de nageuse de l'héroïne (le titre Crawl n'est pas choisi par hasard), ses conflits avec son père et sa rivalité avec sa soeur, personnage n'existant qu'à travers un téléphone portable à l'écran ! Il s'agit ainsi d'une quête de rédemption, d'un personnage devant se transcender, se prouver à elle même qu'elle peut exister, au travers d'une terrible épreuve. Mais ces thèmes n'occultent pas non plus quelques scènes de violences pures avec les gros lézards. Les personnages prennent très chers tout le long du film. A l'exception du chien, film américain oblige. On peut montrer des morts abominables, mais pas le chien !
Le film souffre néanmoins de facilités scénaristiques, de coïncidences tombant à pic et d'une fin bien trop abrupte. Des défauts qui empêchent le film d'accéder au rang de classique. Mais dans sa globalité, Aja livre un produit de qualité, un vrai bon film de monstre qui transcende son budget de série B pour donner l'illusion d'un gros film. Il confirme une fois de plus être l'un des Masters of Horror actuels aux côtés de James Wan, Rob Zombie et Mike Flanagan. Une fierté pour la France !